"Deux moi”, de Cédric Klapisch, 2019

Cinéma & Thérapie : quand les images résonnent avec nos vies

Le cinéma a ce pouvoir unique de toucher juste, de révéler nos fragilités, nos élans, nos silences. Certains films parlent mieux que mille discours du chemin intérieur, de nos quêtes, de nos blessures, de nos renaissances.

Thérapeute passionné de cinéma, j’ai eu envie de partager ici quelques coups de cœur – des films qui parlent de l’humain, du changement, du sensible. Je commence ce fil rouge avec Deux moi de Cédric Klapisch.

Ce film lumineux aborde le thème de la solitude de deux jeunes, de leur chemin de thérapie, et, comme toujours avec Klapisch, de rencontre.

Et si ces films vous parlaient aussi ?

Un film, une histoire de vie

Quand la solitude devient un chemin vers soi…

Dans Deux moi, Cédric Klapisch tisse le portrait croisé de Rémy et Mélanie, deux trentenaires parisiens que tout sépare… sauf la solitude. Voisins sans le savoir, ils traversent chacun une période morne, presque dépressive. Ils ont un travail, un quotidien, une apparence "normale" — mais à l’intérieur, tout semble ralenti, éteint, suspendu.

Ce qui m'a touché dans ce film, c’est sa manière juste de montrer la thérapie comme une lumière discrète. Ni spectaculaire, ni magique, mais transformatrice, presque "mine de rien".

Chacun entame une thérapie un peu par hasard, sans trop y croire, presque sur prescription. Et pourtant, séance après séance, ils se reconnectent peu à peu à eux-mêmes, débloquent des blessures enfouies, traversent des silences, des non-dits, des expériences familiales enfouies.

Lui porte en secret la douleur d’une sœur décédée, dont personne ne parle plus dans la famille. Elle, elle tente de faire le deuil d’un amour qu'elle a idéalisé. Ces deux solitudes cheminent en parallèle, guidées avec douceur par deux thérapeutes qui les accompagnent sans imposer. Le travail de fond s’opère dans les regards, les hésitations, les prises de conscience discrètes.

Et puis, un jour, quand chacun a fait un bout de chemin avec lui-même, la rencontre devient possible. Non pas comme une fin heureuse attendue, mais comme une ouverture. Une possibilité.

Une douce comédie romantique introspective, portée par d’excellents acteurs et une vraie compréhension de ce que peut offrir la thérapie : un espace pour reprendre contact avec soi… et donc avec les autres.

Pourquoi ce film me touche

J’ai un vrai coup de cœur pour les films de Cédric Klapisch. J'adore !!!

Il a cette capacité rare de rendre les choses à la fois simples et profondes, avec toujours un mélange de légèreté et de sensibilité. Ses films coulent, comme une conversation qu’on aurait envie de prolonger encore un peu. Je parviens à me plonger dans la peau de ces deux jeunes.

J’avais vu Deux moi à sa sortie, et j’ai eu un grand plaisir à le revoir hier. Ce qui m’a frappé cette fois, c’est à quel point il peut toucher les jeunes — mais aussi les moins jeunes — en parlant sans détour de la solitude, et de ce que la thérapie peut permettre.

C’est le genre de film que j’aurais envie de conseiller à mes clients… ou à toute personne en questionnement sur son propre chemin.

Et si ce film vous parlait aussi ?

Ce film parle de solitude, de fragilité, de ces moments flous où l’on sent que « quelque chose ne va pas » sans forcément savoir quoi. Il montre qu’une thérapie n’est pas une solution magique, mais un espace pour avancer, doucement, vers plus de clarté, de présence à soi, d’élan vers la vie.

Si vous vous reconnaissez dans ce parcours, même en partie, peut-être que ce film, comme une porte entrouverte, vous touchera. Et peut-être qu’il vous donnera envie, vous aussi, d’ouvrir un espace pour vous, pour votre propre histoire.

Philippe BRAMI mai 2025