Voici un petit texte écrit suite à une balade nocturne qui m'a donné envie de faire des photos dans la ville la nuit.
Safari nocturne
Je me réveille à 4h c'est la nuit
Et je suis pleinement éveillé
je me souviens du Safari nocturne
Mon smart à la main je déambule
dans l'asphalte mouillé
La nuit est noire la rue est lumineuse
Les lampadaires de la ville crachent leurs feux
Débitent leurs méga watt
Tronçonnent le bois imaginaire
Pendant qu'à quelques lieues
La centrale électrique tourne à plein régime
Égoïste insouciant j'associe
La ligne l'ombre la lumière
je cherche l'angle qui convient
J'applique à la rue nocturne mon filtre imaginaire
Je jongle avec le cadre, avec les lignes
Pendant que mon smart calcule pour moi
Les ISO, les asa, les focales
Je m'approche de l'affiche
Encadrée dans un rectangle de métal
Je vois ce visage de femme-lumière
Emprisonné dans sa cage de verre
Elle ne sourit pas
Elle veut juste paraître
Paraître quoi, je ne sais pas
Tout ce que je sais c'est
qu'elle m'attire comme un papillon dans la nuit
Plusieurs fois la journée je passe
devant sa cage, elle m'indiffère
Maintenant la nuit elle brille
Allez savoir pourquoi
Courbes douces prisonnières du cadre urbain
Prisonnière du flash qui chasse le passant
Pour lui dérober un regard
Pour chasser son désir
Dior j'adore
Pourquoi pas
Ce visage posté au coin de la rue
Veut soutirer cent balles
au passant, ne fait pas tant de mal
que le marchand d'armes invisible
Qui voyage en plein jour
En toute légalité
juste une ligne, sur un budget de l'état
Pendant que moi ce soir dans la rue déserte
J'appuie sur la gâchette de mon smartphone
Je repère, je cadre, je vise,
Top ! je clashe le cliché cash.
Mes cibles immobiles brillent dans la nuit
ou bien elles se colorent au gré de mes envies
Grâce aux gadgets sophistiqués de mon smartphone
Je m'amuse et jubile ce soir
dans ce joyeux Safari écologique
Je redessine sur mon écran le paysage
sans le salir, le flétrir ou le faire saigner.
Philippe Brami, 2022
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