EMDR : Trauma simple ou trauma complexe ?
- Philippe BRAMI
- 26 juin
- 2 min de lecture

Mieux comprendre la différence… pour mieux avancer en EMDR
L’EMDR est une méthode qui fascine par son efficacité — parfois même dès la première séance. Mais ce que l’on oublie souvent, c’est que tous les traumatismes ne se ressemblent pas, et que leur traitement dépend fortement de leur nature, de leur durée, et du contexte émotionnel dans lequel ils ont été vécus.
✴️ Un trauma simple n’est pas un trauma « léger »
Un traumatisme simple est un événement unique, identifiable, souvent brutal : un accident, une agression, une chute, une opération…Même si l’événement est très douloureux ou ancien, il s’est déroulé dans un contexte où la personne avait des repères stables, un minimum de soutien affectif, et n’était pas déjà en état de fragilité émotionnelle ou psychique.
📌 Dans ces cas-là, l’EMDR peut agir comme un catalyseur puissant, en désensibilisant très rapidement les images, les sensations ou les émotions qui restaient bloquées. Et c’est ce que décrivent de nombreux patients dans leurs témoignages enthousiastes : un changement profond, parfois en une ou deux séances. Ces cas-là existent, et ils sont bien réels. Mais ils ne s’appliquent pas à toutes les situations.
🔁 Le trauma complexe : quand le passé s’installe dans le présent
À l’inverse, un trauma complexe ne repose pas sur un seul événement, mais sur une répétition de situations douloureuses, souvent dès l’enfance :
violences physiques ou verbales à répétition,
insécurité affective chronique,
négligence émotionnelle,
sentiment de ne jamais avoir été en sécurité ou soutenu…
🧩 La complexité vient du contexte relationnel abîmé plus que de l’intensité d’un seul événement. Comme l’a bien décrit Francine Shapiro, créatrice de l’EMDR, ce type de traumatisme affecte les structures profondes du moi : image de soi, régulation des émotions, perception du danger, liens aux autres. Dans ces cas, le protocole EMDR doit être adapté, plus progressif, souvent précédé par des étapes de stabilisation, d’ancrage, de renforcement des ressources.
🛤️ Une différence de rythme, pas de qualité
Ce qu’il est important de comprendre, c’est que dans les traumatismes complexes :
la durée du travail ne signifie pas que ça fonctionne moins bien,
le changement s’opère autrement : plus globalement, plus lentement, mais souvent plus profondément.
Et surtout : le fait que vous ayez survécu à ces environnements hostiles, et que vous entamiez ce travail aujourd’hui, est déjà une preuve de force intérieure.
📚 Pour aller plus loin :
Francine Shapiro (2001), EMDR – Desensitization and the Adaptive Information Processing Model
Judith Herman (1992), Trauma and Recovery, un classique sur les traumas complexes
Bessel van der Kolk (2014), The Body Keeps the Score, sur l’impact du trauma sur le corps et le cerveau
Catherine Dolto, Tout est langage, pour une vulgarisation très humaine de l’impact de l’enfance sur les mécanismes psychiques
🙋 En résumé
Si vous avez un trauma simple, vous pouvez parfois obtenir des résultats très rapides.
Si votre histoire est plus complexe, cela demandera du temps… mais cela en vaut la peine.
L’important est de ne pas se comparer aux autres, mais d’écouter votre propre rythme, votre propre chemin de guérison.
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