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Photo du rédacteurPhilippe BRAMI

Les vertus thérapeutiques de l'écriture : comment les développer ?

Dernière mise à jour : il y a 2 jours



En quoi l’écriture peut faciliter le travail thérapeutique ?

En quoi écrire peut-il avoir des effets thérapeutiques ?

Écrire permet -il d’être plus connecté à soi-même, à ses pensées, à ses émotions ?


J’écris moi-même régulièrement, dans un registre émotionnel, créatif ou poétique, pour mon plaisir ou par nécessité ; cela me permet de libérer mes émotions, clarifier mes pensées… Ou simplement m’amuser ou me faire plaisir. 

J’ai envie de vous faire partager mon goût pour l’écriture, comme un moyen thérapeutique.

De vous montrer en quoi elle peut avoir une puissance thérapeutique, dès lors qu’elle est guidée, accompagnée et accueillie dans l’interaction avec le praticien.


L'écriture passe par la pensée et le ressenti. Nous allons donc d'abord distinguer la pensée rationnelle de la pensée affective.

 

1.    Pensée rationnelle ou utilitaire et pensée affective

La pensée affective est différente de la pensée rationnelle ou utilitaire.

 

Habituellement, nous utilisons notre pensée pour agir dans la vie quotidienne, anticiper les choses etc. C’est une pensée utilitaire.

 

Au contraire, la pensée affective est proche de nos émotions ; elle est en lien avec notre inconscient et exprime notre vécu.

 

Le plus souvent, nous ne pensons pas vraiment, nous balayons des informations.

Quand cela se passe dans notre tête, ce sont des ruminations, quand nous le faisons sur un écran, nous parlons de scrolling.

Le résultat est similaire : nous surfons distraitement sur les mots, les images ou les ressentis.

 

Penser est bien différent : c’est plutôt faire dialoguer en nous-mêmes plusieurs voix.

Penser est un dialogue avec nous-même, et non un monologue, contrairement aux apparences. Plusieurs idées, positions, images interagissent entre elles de façon dynamique.

 

C’est un processus actif, car nous prenons des micro décisions à chaque pensée.

Ce processus se déroule en nous-même, à l’abri des regards, pas à pas, de façon continue, selon un chemin qui n’a pas de début, ni de fin bien définis.

 

2.    Jongler avec différents moyens de s’exprimer : ressentir, penser, écrire, parler

L'écriture thérapeutique se structure selon une succession d'étapes qui mettent en jeu le ressenti, le pensé, l'écrit et l'échange possible avec le praticien ou d'autres personnes.

 



A/ Ressentir, faire silence en soi

Laisser faire, accueillir en soi, méditer, laisser l’inspiration se déployer.

Autant de mots pour décrire un état de non agir, d’observation, un temps d’impression qui se suffit à lui-même ou qui peut dialoguer avec un temps d’expression.

 

Prendre le temps de nous poser, de ressentir, d’être à l’écoute de notre corps, de nos émotions, de nos pensées. Cela suppose faire silence en soi même ou au moins d’interrompre le cours du temps vécu : cette pratique est déjà thérapeutique en elle-même.

 

B/ Penser, c’est agir en soi-même.

Se donner la liberté de penser est déjà un début de libération personnelle.

 

C’est un moyen de libérer la parole et les ressentis en nous-même et pour nous-même. En toute liberté.

Ainsi, nous mobilisons plusieurs voix que nous faisons dialoguer de façon active.

 

C/ Ecrire, interagir avec soi-même.

Lorsque nous écrivons, nous offrons un support à notre pensée, à nos émotions ; cela nous rend encore plus actifs et dynamise notre faculté de penser et de ressentir.

Ecrire, c’est arrêter le flux continu de la pensée, de notre imaginaire, de notre vécu pour en prendre la mesure ; c’est ponctuer notre pensée.

Ecrire, c’est aussi nous donner une prise sur elle.

Un moyen aussi de faire une pause, souffler, expirer…

Ecrire c’est commencer à agir, mettre en forme, en mots, des éléments de notre vécu.

Et parfois avoir la liberté de l’agencer comme bon nous semble.

 

Écrire, c’est offrir un support à notre pensée et interagir avec soi.

 

Il y a bien sûr d’autres moyens d’interagir avec soi, par la peinture, le dessin, l’art d’une façon générale.

 

D/ Parler, interagir avec l’autre.

Parler c’est déjà rencontrer l’autre, prendre le risque de nous exposer à l’altérité.

Parler, c’est prendre le risque de ne pas être compris, d’être critiqué, rejeté…

C’est aussi un moyen de s’exprimer, d’être écouté, accueilli ; c’est un moyen thérapeutique par excellence, à condition que l’écoutant puisse avoir la capacité d’accueillir la parole de façon ouverte et bienveillante.

 Une façon de concevoir la pratique thérapeutique est de la considérer comme une façon de jongler entre la méditation, la parole, l’écriture et la pensée.

Dans mes séances et entre celles-ci, je cherche à faire dialoguer ces moyens d’expression et de développement de soi.

Dans cet article je vais explorer l’intérêt de l’écriture dans ma pratique thérapeutique.

 

 

3.    En quoi l’écriture peut être thérapeutique ?

Je vois au moins 3 façons que peut avoir l’écriture de nous faire du bien et de nous développer.

 

·       D’abord, écrire peut servir d’exutoire émotionnel. Cela diminue nos tensions, réduit notre stress et nous permet de mieux gérer nos émotions.

« Vider notre sac » en toute sécurité, à l’abri des regards, en prenant notre temps, c'est déjà beaucoup !

 

·       Ensuite, mettre des mots sur des expériences personnelles, cela les rend tangibles, concrètes, et nous permet de les accepter plus facilement.

La mise en mots fait émerger du sens, un récit. C’est déjà rassurant, et surtout, cela crée un espace dans lequel mettre nos affects, pour éviter les ruminations inutiles.

 

·       Enfin, écrire nous permet de structurer nos pensées et nous apporte une sensation de maitrise sur nos émotions ; c’est à la fois rassurant et dynamisant. Cela nous permet d’avancer.

 

4.    Comment rendre notre pensée et notre écriture thérapeutique ?

 

Nous pouvons le faire de notre propre initiative ou être accompagné par un praticien.

En tant que praticien, je donne fréquemment à mes clients des tâches en fin de séance pour prolonger l'efficacité de celle ci.

Parfois, il s'agit de tâches d'écriture. Dans ce cas, j'oriente la tâche pour qu’elle corresponde à vos besoins et à vos goûts et possibilités.

 

  • A vos besoins : ma visée thérapeutique doit être précise :

Avez-vous des choses douloureuses à exprimer ?

Avez-vous des émotions à libérer : tristesse, colère, ressentiment, doute..?

Avez- vous besoin d’être stimulé pour explorer des solutions nouvelles, mieux comprendre votre situation 

Avez-vous besoin de reprendre le contact avec un proche ?

 

  • A vos goûts et possibilités :

Dois-je vous encourager à écrire librement, écrire chaque jour, à vous imposer un temps limité, à vous donner des pistes précises ?

Pour en décider, j’ai besoin d’une grande dose de lucidité et d’intuition.

Je ne propose pas des tâches d’écriture à tout le monde et à n’importe quel moment.

 

Pour résumer, je tiens compte des besoins, goûts de la personne et de mon intention thérapeutique.

Tout en prenant les précautions nécessaires : l’idée n’est pas d’ouvrir les vannes des émotions alors que la personne est seule chez elle, peut-être en situation de fragilité émotionnelle.


La tâche du praticien est de rendre l'écriture utile, focalisée sur le besoin de la personne.

Il doit donc orienter au mieux la tâche d'écriture pour la rendre thérapeutique.

 

5.  Comment faire en pratique ?

Qu'il s'agisse d'un travail de développement personnel ou d'un travail accompagné par un praticien, la démarche est similaire. 

Schématiquement je peux la résumer en 3 étapes :

 

Avant la tâche : Préparer l’état d’esprit et l’ouverture émotionnelle

Je peux enregistrer un exercice de relaxation pour permettre à la personne d’être en pleine conscience. Cela lui permet d’être centrée sur le moment présent et d’être plus proche de ses émotions.

 

La réalisation de la tâche :

Le but est de faciliter l’expression et la profondeur émotionnelle. Nous détaillerons la réalisation de la tâche en nous basant surtout sur l'écriture de la lettre thérapeutique.

 

Après la tâche : Liberté de partager et possibilité d’exploiter l’écrit dans le travail thérapeutique

Une fois la tâche d’écriture réalisée, plusieurs actions peuvent être envisagées en séance :

  • Lire à haute voix tout ou partie des écrits.

J'invite la personne à partager ce qu’elle a écrit ou à parler de ce qu’elle a ressenti en écrivant. Cela lui permet de se sentir compris et soutenu ; cela aide aussi à mettre des mots sur ses émotions.

 

  • Faire part de mes réactions et féliciter la personne pour son engagement.

 

  • Questionner la personne à partir des points évoqués

 

  • Employer des techniques pour évacuer des traumatismes, se libérer d’un vécu douloureux ou d’une relation désagréable, sur la base de son récit.

 

  • Lui proposer un rituel symbolique pour lui permettre de laisser derrière elle les émotions douloureuses.

 

6.    Un moyen d’expression privilégié : la lettre



La lettre est une forme d’écriture relationnelle.

Elle permet de se centrer sur soi et d’adresser un message à un autre.

La lettre est une forme de dialogue avec une personne imaginaire ou bien réelle ; elle peut être aussi un dialogue entre plusieurs parties de nous-mêmes.


La lettre n’est pas un texte dans l’absolu, dans le vague, c’est un texte adressé.

Elle comporte en général, un début et une fin, un exposé de la situation et une prise de congé, même si une totale liberté est de mise.

 

7.     Quel type de lettre pour quel objectif ?

Il existe de nombreux types de lettres en fonction de l’objectif visé.

Voici les types de lettres que j’utilise fréquemment :


  • La lettre « RRRRRhhhhh » ou lettre de colère :

Il s’agit d’exprimer sa colère, sa rancune, son désarroi…en toute liberté. Il s’agit de vider son sac, de lâcher ses émotions en évitant toute censure.


  • La lettre « Merci » ou lettre de gratitude :

Il s’agit d’exprimer sa gratitude à une personne, ou pour une situation, de se réjouir de ce que nous avons fait, acquis ou reçu.

L’objectif est de valider ce que nous avons reçu plutôt que nous focaliser sur qui nous manque.


  • La lettre « Yes or No », refus /d’acceptation :

Il s’agit d’affirmer fermement, frontalement, notre refus d’une situation. A l’inverse, nous pouvons marquer notre pleine acceptation, ou notre engagement dans celle-ci.

Cela nous permet d’être clair, d’abord vis-à-vis de nous-mêmes.

Cela vous permet aussi de clarifier nos émotions dans une situation donnée.

 

  • La lettre « Engagement, espoirs, rêves »

Le but est selon les cas de :

  • raffermir notre espoir,

  • nous projeter dans un futur,

  • écrire nos rêves,

  • assumer nos souhaits…

 

  • La lettre de séparation / « Au revoir »

Cette formule permet de dire au revoir à une personne, une situation, une opportunité, un projet, une habitude…

Cela permet de libérer définitivement tout ce que nous avons à dire sur la personne, la situation ou le projet que nous laissons.


  • La lettre de pardon

Contrairement à ce qui est couramment répandu, le pardon n'est pas un remède miracle point dans certains cas il n'est pas approprié ou même impensable.

Dans certains cas cependant il est nécessaire.

La lettre de pardon permet d'activer le pardon en partant de soi-même, de façon active, précise et qualitative.

Il ne s'agit pas de pardonner globalement sans restriction pour obéir à une injonction.


Nous pouvons dire pardon à une personne, mais aussi à une part de nous-mêmes qui nous a fait souffrir.


Les lettres nous aident à explorer notre monde intérieur, à exprimer ce qui est souvent difficile à dire, et à donner une perspective différente sur des situations qui comptent pour nous.

D’autres consignes d’écriture peuvent être suggérées pour dynamiser sa vie, surmonter une épreuve ou accompagner un changement.

Ainsi, l’écriture peut aider à exprimer des émotions profondes, résoudre des conflits internes, et gagner en clarté.

Cela en fait un outil de développement personnel et un appui à la thérapie particulièrement utile, d’autant plus s’il se fait dans des conditions optimales, avec une préparation au préalable et un accueil bienveillant et dynamisant du praticien.

 

Nous aborderons dans un prochain article des formulations précises / à adapter, qui peuvent nous aider à améliorer la qualité de ces lettres adressées.


 

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